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rire si haut et si clair que Kaherdin, poignant aprs elle et l'ayant rejointe,
lui demanda :
Belle sSur, pourquoi riez-vous ?
Pour un penser qui me vint, beau frre. Quand cette eau a jailli vers
moi, je lui ai dit : Eau, tu es plus hardie que ne fut jamais le hardi Tris-
tan ! C'est de quoi j'ai ri. Mais dj j'ai trop parl, frre, et m'en
repens.
Kaherdin, tonn, la pressa si vivement qu'elle lui dit enfin la vrit de
ses noces. Alors Tristan les rejoignit, et tous trois chevauchrent en si-
lence jusqu' la maison de chasse. L, Kaherdin appela Tristan parle-
ment et lui dit :
Sire Tristan, ma sSur m'a avou la vrit de ses noces. Je vous tenais
pair et compagnon. Mais vous avez fauss votre foi et honni ma pa-
rent. Dsormais, si vous ne me faites droit, sachez que je vous dfie.
Tristan lui rpondit :
Oui, je suis venu parmi vous pour votre malheur. Mais apprends ma
misre, beau doux ami, frre et compagnon, et peut-tre ton cSur
s'apaisera. Sache que j'ai une autre Iseut, plus belle que toutes les
femmes, qui a souffert et qui souffre encore pour moi maintes peines.
Certes, ta sSur m'aime et m'honore ; mais, pour l'amour de moi, l'autre
Iseut traite plus d'honneur encore que ta sSur ne me traite un chien
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que je lui ai donn. Viens ; quittons cette chasse, suis-moi o je te mne-
rai ; je te dirai la misre de ma vie.
Tristan tourna bride et brocha son cheval. Kaherdin poussa le sien sur
ses traces. Sans une parole, ils coururent jusqu'au plus profond de la fo-
rt. L, Tristan dvoila sa vie Kaherdin. Il dit comment, sur la mer, il
avait bu l'amour et la mort ; il dit la tratrise des barons et du nain, la
reine mene au bcher, livre aux lpreux, et leurs amours dans la fort
sauvage ; comment il l'avait rendue au roi Marc, et comment, l'ayant
fuie, il avait voulu aimer Iseut aux Blanches Mains ; comment il savait
dsormais qu'il ne pouvait vivre ni mourir sans la reine.
Kaherdin se tait et s'tonne. Il sent sa colre qui, malgr lui, s'apaise.
Ami, dit-il enfin, j'entends merveilleuses paroles, et vous avez mu
mon cSur piti : car vous avez endur telles peines dont Dieu garde
chacun et chacune ! Retournons vers Carhaix : au troisime jour, si je
puis, je vous dirai ma pense.
En sa chambre, Tintagel, Iseut la Blonde soupire cause de Tristan
qu'elle appelle. L'aimer toujours, elle n'a d'autre penser, d'autre espoir,
d'autre vouloir. En lui est tout son dsir, et depuis deux annes elle ne
sait rien de lui. O est-il ? En quel pays ? Vit-il seulement ?
En sa chambre, Iseut la Blonde est assise, et fait un triste lai d'amour.
Elle dit comment Guron fut surpris et tu pour l'amour de la dame qu'il
aimait sur toute chose, et comment par ruse le comte donna le cSur de
Guron manger sa femme, et la douleur de celle-ci.
La reine chante doucement ; elle accorde sa voix la harpe. Les mains
sont belles, le lai bon, le ton bas et douce la voix.
Or, survient Kariado, un riche comte d'une le lointaine. Il tait venu
Tintagel pour offrir la reine son service, et, plusieurs fois depuis le d-
part de Tristan, il l'avait requise d'amour. Mais la reine rebutait sa re-
qute et la tenait folie. Il tait beau chevalier, orgueilleux et fier, bien
emparl, mais il valait mieux dans les chambres des dames qu'en ba-
taille. Il trouva Iseut, qui faisait son lai. Il lui dit en riant :
Dame, quel triste chant, triste comme celui de l'orfraie ! Ne dit-on
pas que l'orfraie chante pour annoncer la mort ? C'est ma mort sans
doute qu'annonce votre lai : car je meurs pour l'amour de vous !
Soit, lui dit Iseut. Je veux bien que mon chant signifie votre mort, car
jamais vous n'tes venu cans sans m'apporter une nouvelle doulou-
reuse. C'est vous qui toujours avez t orfraie ou chat-huant pour mdire
de Tristan. Aujourd'hui, quelle male nouvelle me direz-vous encore ?
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Kariado lui rpondit :
Reine, vous tes irrite, et je ne sais de quoi ; mais bien fou qui s'meut
de vos dires ! Quoi qu'il advienne de la mort que m'annonce l'orfraie,
voici donc la male nouvelle que vous apporte le chat-huant : Tristan,
votre ami, est perdu pour vous, dame Iseut. Il a pris femme en autre
terre. Dsormais, vous pourrez vous pourvoir ailleurs, car il ddaigne
votre amour. Il a pris femme grand honneur, Iseut aux Blanches Mains,
la fille du duc de Bretagne.
Kariado s'en va, courrouc. Iseut la Blonde baisse la tte et commence
pleurer.
Au troisime jour, Kaherdin appelle Tristan :
Ami, j'ai pris conseil en mon cSur. Oui, si vous m'avez dit la vrit,
la vie que vous menez en cette terre est forsennerie et folie, et nul bien
n'en peut venir ni pour vous, ni pour ma sSur Iseut aux Blanches Mains.
Donc entendez mon propos. Nous voguerons ensemble vers Tintagel :
vous reverrez la reine, et vous prouverez si toujours elle vous regrette et
vous porte foi. Si elle vous a oubli, peut-tre alors aurez-vous plus chre
Iseut ma sSur, la simple, la belle. Je vous suivrai : ne suis-je pas votre
pair et votre compagnon ?
Frre, dit Tristan, on dit bien : le cSur d'un homme vaut tout l'or
d'un pays.
Bientt Tristan et Kaherdin prirent le bourdon et la chape des plerins,
comme s'ils voulaient visiter les corps saints en terre lointaine. Ils prirent
cong du duc Hol. Tristan emmenait Gorvenal, et Kaherdin un seul
cuyer. Secrtement ils quiprent une nef, et tous quatre ils vogurent
vers la Cornouailles.
Le vent leur fut lger et bon, tant qu'ils atterrirent un matin, avant
l'aurore, non loin de Tintagel, dans une crique dserte, voisine du ch-
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